Rencontre-débat autour de son livre "Une autre ville est possible"
Discriminée à outrance, la ville constitue aujourd’hui sous toutes ses formes, l’établissement humain majoritaire sur l’ensemble de la planète.
Si l’Occident a déjà accompli son regroupement urbain à 80%, le sud et l’est courent à toutes enjambées vers l’accomplissement de notre modèle.
C’est donc dans ce nouveau biotope au sein d’une planète devenue toute petite et exsangue de ses ressources non renouvelables que vit l’humanité ; le troisième millénaire se construit ici et dès maintenant. L’homme devra y faire société et ce projet sera civilisationnel en contournement de toutes les barbaries.
En un demi-siècle, en Europe et particulièrement en France, la ville a connu des métamorphoses considérables dans son extension, sa forme et son renouvellement. Guidé par une pensée sectorielle, l’homme du XXème siècle a juxtaposé dans l’ignorance aveugle de son environnement les fonctions humaines et urbaines, épuisant sans retenue les ressources naturelles, spatiales, énergétiques, abusant de la faune et de la flore, rejetant sans frein toutes sortes de déchets dans le sol, les océans et les airs. Autiste, il a tenté de soumettre l’histoire et la géographie a ses projets fous.
Le pré requis de notre volonté de développer une société solidaire et durable étant posé, c’est dans ce large contexte que la politique de la ville doit se dissoudre dans une vision qui unit dans la même volonté d’aménagement des territoires, l’Etat stratège et les régions d’une part, les agglomérations et les villes d’autre part. Cette double action requière une triple prise de conscience :
– Au cœur de ce monde, l’économie -aujourd’hui devenue volatile- façonne de plus en plus vite les territoires et les villes, avec pour moteur spontané et résultat constant, la discrimination.
– Contrairement à ce qu’en a pensé un Premier Ministre, il n’est pas vrai de dire que l’Etat ne peut rien; s’il est capable de mesures néfastes, on peut aussi en espérer le meilleur.
– Si la modernité a créé la pensée sectorielle –et vis & versa-, il nous faut aujourd’hui déspécialiser les savoir-faire et façonner une pensée complexe* de nature à nous permettre de comprendre le monde et les villes d’aujourd’hui et de projeter leur avenir. C’est ainsi que, y compris dans une période de resserrement drastique des finances publiques, il existe un chemin volontariste, à rebours du défaitisme libéral ambiant : « Une autre ville est possible ! »
*Emprunté à Edgar Morin