Aucun traité, aucune théorie n’ont pu faire l’économie de ce qui fonde le projet architectural et urbain : faire exister un espace soustrait à la contrainte de l’extériorité, délimité, qualifié et signifiant. La construction, la décoration, le mobilier, le confort, le plan libre moderne, la densité du tissu, l’éclairement des surfaces participent de cet artefact – l’espace construit – qui organise nos faits et gestes, établit des seuils, sépare ce qui doit l’être afin de mieux cohabiter avec autrui.
Du toit de nos maisons à la voûte du ciel, la notion d’intériorité est relative, et elle nous offre une clef de lecture pour définir les conditions de notre existence aussi bien physique qu’institutionnelle. À l’heure où il est question de refonder notre modèle économique pour tenter de concilier justice sociale et survie de l’écosystème, le concept d’intérieur appelle une mise à jour, ne serait-ce que pour remettre en question l’isolement de la maison individuelle et l’exiguïté des appartements, pour concevoir la hauteur des bâtiments et donner une forme à l’espace public.
De la notion de milieu à celle d’habitat, des théories immersives à l’importance du verbe « s’aérer » depuis la dernière crise sanitaire, le rapport du corps à ce qui l’entoure engage une critique politique, une action écologique et une idée esthétique du monde.Qu’en est-il de cette succession d’intérieurs emboîtés qui, depuis le séjour jusqu’au parc, accueille nos usages ?
Il est question ici de défendre une qualité proprement architecturale et urbaine, associant le principe de protection à celui d’ouverture, et illustrant notre besoin de partager des lieux animés aussi bien que celui de se retirer dans le silence d’une chambre.
En partenariat avec le CNRS, GDRI « Savoirs artistiques et traités d’arts »
En partenariat avec le Groupe d’études géopolitiques éditeur du Grand Continent