L’usure du monde

2022

Colloque International d'architecture

Le changement climatique, l’effondrement des populations animales et la dévastation des sites naturels constituent une menace sans précédent pour la civilisation. Nous en prenons conscience à un moment où l’affaiblissement de la puissance publique, l’érosion du savoir commun et l’individualisme – de l’habitat pavillonnaire à la livraison à domicile – semblent nous priver de la plupart de nos moyens d’action : l’horizon intellectuel, économique et politique du XXIe siècle est sombre. Les bâtiments, dont la production et l’entretien représentent un tiers des émissions de gaz à effet de serre, participent d’un système productif prédateur, fondé sur l’obsolescence et la destruction. En quoi le projet architectural peut-il contribuer à le transformer, afin de transmettre aux générations à venir un monde vivable ? Dans l’état actuel des techniques, chaque piste envisageable implique un arbitrage en raison des inconvénients qui l’accompagnent. Celle de la décroissance compromet nos modes de consommation, mais surtout l’emploi, par lequel se finance la couverture sociale. Celles d’un « développement durable », ou d’une « croissance verte », font débat : ces notions sont-elles des oxymores, ou promettent-elles d’associer une augmentation du PIB à une baisse des émissions de CO2 ? La « transition écologique » peut-elle réconcilier capitalisme et respect du vivant, ou est-elle une illusion permettant de rallonger la vie d’un marché ravageur ? Les solutions, quelles qu’elles soient, sont-elles envisageables dans le cadre d’une marchandisation de tout – notamment des points carbones – que nous connaissons ? Et par quoi remplacer celle-ci ? Est-il suffisant pour les architectes d’adopter des matériaux bio- ou géo-sourcés ? Poser la question c’est y répondre, mais que faire de plus ? L’architecture peut-elle inspirer une perspective à l’échelle de la société, réunissant un faisceau de réponses d’ordre politique, social, économique et environnementale, ou est-elle cantonnée à un statut accessoire, une production de plus dans le paysage culturel ? Art des formes que se donne une société, le projet architectural s’est de tout temps inspiré des contraintes pour offrir bien plus qu’une solution à un problème. Cette dynamique, qui a été à l’œuvre notamment dans l’Antiquité romaine et à l’Époque moderne, dont le siècle dernier nous a laissé d’insignes exemples, n’appartient pas qu’au passé. Elle se manifestera à nouveau pour renouveler une intelligence du fait architectural et urbain au service non seulement d’une certaine idée du progrès, comme il était question hier, mais d’une planche de salut pour l’humanité. Toutefois, rien n’est possible si le projet de société – à supposer qu’il existe – demeure à ce point disjoint de ceux qui ont pour objet les lieux que nous habitons. C’est la raison pour laquelle nous accueillerons, au cours de ces deux journées de débats, des personnalités du monde politique et scientifique, mais aussi des architectes et des chercheurs.   En partenariat avec le CNRS, Savoirs artistiques et traités d’arts  Avec le soutien du mécénat de la Caisse des Dépôts  Conception de l’affiche : Manuel Marsoudet et Maxime Marois    

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