L’Architecture au-delà du projet
Ni l’optimisme du chantier tel qu’il est figuré dans le jeu de poutrelles des Constructeurs de Fernand Léger, ni la vision onirique de La Ville entière de Max Ernst, œuvres du siècle dernier, ne seraient possibles aujourd’hui. La ville, et avec elle l’architecture sont passées ailleurs, mais où, elles ne le savent pas. Si le sacro-saint projet maintient son idéalité comme si de rien n’était, le monde où il atterrit ne répond plus. Composite, à la fois alvéolaire et saturé, oppressé par la quantité quand il n’est pas dévasté, le contexte échappe à la saisie et s’évapore. Face aux enjeux d’un univers en crise qui semble voué à la désappropriation, il serait grand temps d’abandonner les prouesses d’une architecture hantée par la proclamation de son génie et d’inventer des logiques et des pratiques d’articulation et de réparation, tout entières tendues par la vision critique d’un espace qui ne serait plus à conquérir mais à sauver.