Théorie et projet

les 6, 7 mai 2011

Colloque International "Théorie et projet"

Qu’est-ce qui définit, aujourd’hui, l’intelligence de l’architecture ? Qu’est-ce qui peut la mettre à l’abri de la monotonie propre à l’économie pratique et constructive des maîtres d’ouvrage et des constructeurs ? Theôria : groupe d’envoyés à la consultation d’un oracle. Telle est l’origine grecque de ce mot, avant que sa signification ne change au sein des arts et de l’architecture, dans le voisinage de l’histoire, de la critique et de la philosophie. Plusieurs manifestations témoignent aujourd’hui d’un désir de théorie : le Grand Paris a voulu être l’occasion de proposer de nouvelles grilles de lecture du territoire et de nouvelles manières de « faire projet » à l’échelle de la métropole, tandis que la question écologique impose la nécessité d’un nouvel « ordre », d’un nouvel « habiter ». Mais on ressent également un manque d’outils pour appréhender le réel, pour penser le monde, guider l’action. Comme si le saut d’échelle qu’imposent les mégapoles et la mondialisation mettait en question la possibilité même des repères que la raison tente de faire exister. Par ailleurs, la vitesse de production et de circulation des énoncés et des images par les Nouvelles Technologies de l’Information encourage un nomadisme et un papillonnage qui bouleversent notre rapport au savoir. On entend dire ça et là que l’ère de la méthode serait révolue : pas de principes, pas règles. Qu’en est-il alors des critères d’appréciation des formes et des matières mises en oeuvre, partageables et vérifiables ? Quels types de revendication, de discours, de métaphores sont mobilisés aujourd’hui pour défendre l’intérêt des projets d’édifices ? Qu’est-ce que nous enseigne, au fil de l’histoire occidentale, l’évolution, du statut et du rôle des textes, très différents, que l’on réunit aujourd’hui trop rapidement sous une même appellation de «théorie architecturale » ? Si la théorie a longtemps permis de comprendre l’hétérogène, d’identifier et de classer des catégories afin de permettre à la pratique de se repérer dans le chaos, d’agir malgré la complexité, quelle utilité peut-elle avoir dans le fonctionnement du monde contemporain ? La question du fond recoupe nécessairement celle de la forme : l’heure n’étant plus aux traités, aux guides à l’usage des bâtisseurs, ni aux manifestes, quelle forme de discours est en mesure de « parler » aujourd’hui ? Nous sommes entrés dans un nouvel âge encyclopédique où la spécialisation des savoirs requiert paradoxalement les principes d’une nouvelle interdisciplinarité. L’architecture, est appelée à y répondre afin de trouver sa place dans les sociétés contemporaines de la connaissance, au-delà du seul spectacle événementiel qu’elle se trouve si souvent condamnée à offrir.

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